Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/209

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Les soldats ajoutent foi à sa frayeur, et, ignorant ce qui venait de se passer dans l’intérieur du palais, se précipitent sur ses pas et l’accompagnent. Le peuple, cependant, s’agite, étonné de voir l’empereur s’élancer en fuyard à travers la ville. Arrivé au camp, il se jette dans le temple où sont renfermés les enseignes et les images sacrées de l’armée. Il se prosterne, et fait aux dieux qui l’ont sauvé un sacrifice d’actions de grâces. Au bruit de cet événement, les soldats qui se baignaient ou se reposaient accourent dans le camp pleins d’effroi. Alors Antonin s’avance au milieu d’eux, et, sans avouer encore la vérité, il s’écrie « qu’il vient d’échapper aux embûches meurtrières de son ennemi, de l’ennemi de l’État (c’est.ainsi qu’il désignait son frère) ; après avoir lutté longtemps, il a triomphé de son adversaire ; le danger a été égal pour tous deux, mais enfin la fortune a laissé à Rome un empereur. » Antonin voulait, à la faveur de ce langage équivoque, faire deviner la vérité sans la dire.

IX. En l’honneur de sa conservation et de son avènement au trône, il promet à chaque soldat deux mille cinq cents drachmes attiques et le double de la ration de blé ordinaire. Il ajoute même qu’ils peuvent aller chercher leur récompense dans les temples et dans les trésors publics, dissipant ainsi en un seul jour toutes les richesses que l’avarice