Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/210

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tyrannique de Sévère avait amassées pendant dix-huit années de rapines. Les soldats, à qui ces largesses apprennent un crime dont on veut leur acheter le pardon, ne répondent aux citoyens qui parcourent la ville et publient le meurtre du prince, qu’en proclamant son assassin seul empereur et Géta ennemi de l’empire. Antonin passa la nuit dans le temple du camp. Le lendemain, plein de confiance dans la fidélité des troupes, que son or a gagnées, il marche au sénat accompagné de tous ses soldats, armés comme pour une expédition, et non comme pour un simple cortége. Après avoir fait un sacrifice, il entre au sénat, monte sur le siége impérial et prononce le discours suivant :

X. « L’homme accusé d’avoir tué un de ses proches devient sur-le-champ un objet d’exécration : je ne l’ignore pas. Au seul nom de parricide, mille voix s’élèvent contre le meurtrier. La pitié s’attache au vaincu, et l’envie à celui qui triomphe ; le premier est toujours innocent, le second toujours coupable. Mais qu’un homme éclairé et impartial réfléchisse sur le funeste événement dont gémit l’empire ; qu’il en recherche les causes et l’origine, et il pensera sans doute que la justice non moins que la nécessité font à l’homme un devoir de prévenir un crime plutôt que d’en être la victime innocente ; car on succombe alors doublement malheureux, puisqu’on