Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/218

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honneurs. Une foule d’instruments formait les plus harmonieux concerts ; les chemins exhalaient les parfums de mille aromates ; sur toute la route l’éclat des flambeaux se mêlait à celui des fleurs. Arrivé dans la ville avec son armée, il va droit au temple, immole un grand nombre de victimes, brûle de l’encens sur les autels, et après cette cérémonie, va visiter le monument élevé à la mémoire d’Alexandre. Là, il détache son manteau de pourpre, ses anneaux étincelants de pierreries, son baudrier, enfin ses plus riches ornements, et les dépose sur le tombeau. Enivré du spectacle de sa piété, le peuple se livrait jour et nuit à de continuelles réjouissances, ignorant ce que lui préparait la pensée secrète de l’empereur. XVI. Toutes ces démonstrations religieuses étaient autant de moyens que sa perfidie employait pour égorger plus à son aise la population d’Alexandrie. Voici quelle était la cause de son ressentiment : il avait appris à Rome, du vivant de son frère, et même après la mort de Géta, qu’on tenait sur lui dans cette ville des propos injurieux. Les habitants d’Alexandrie sont en effet naturellement moqueurs ; ils ont l’art de saisir les ridicules, de manier le sarcasme et l’épigramme, et ils n’épargnent, dans leur humeur satirique, ni la vertu ni la puissance. Ces railleries, qui ne sont, à leurs yeux, qu’un badinage, n’en sont pas