Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/228

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épargner la fatigue à toute son armée, ne prit-il pour escorte qu’un petit nombre de cavaliers, se proposant d’ailleurs de revenir après avoir sacrifié à la déesse. Au milieu du chemin, se sentant pressé d’un besoin, il quitte sa suite, et, accompagné d’un seul de ses gens, il veut le satisfaire. Alors Martial, qui épiait sans cesse l’instant favorable, voyant l’escorte rangée à l’écart loin de l’empereur, par respect pour la bienséance, et l’empereur seul, court vers lui comme s’il en eût été appelé du geste ou de la voix, et au moment où le prince avait le dos tourné et détachait ses vêtements, il le frappe à la gorge d’un poignard qu’il tenait caché dans ses mains. La blessure était mortelle, et Antonin tomba mort à l’instant sans pouvoir se défendre.

XXV. Après ce coup, Martial monte à cheval et s’enfuit ; mais déjà les cavaliers germains, objets de la prédilection d’Antonin, attachés à sa garde, et qui, se trouvant les plus avancés, sont les premiers témoins de l’événement, poursuivent Martial et le percent de leurs javelots. Au bruit de cet événement, toute l’armée accourt, et Macrin, des premiers, se jette sur le corps du prince, affectant par ses gémissements et ses larmes la douleur la plus profonde. La mort d’Antonin affligea vivement l’armée, qui regrettait en lui un ami, un compagnon d’armes, plutôt qu’un empereur. Aucun soupçon ne s’élevait encore