Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/232

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apparaît à leurs yeux Artaban suivi de son innombrable armée. Les barbares saluent le soleil de leurs hommages accoutumés, et aussitôt ils se précipitent sur les Romains en poussant de grands cris, et lancent en courant leurs javelots. Les Romains dans un ordre parfait, soutenus à leurs deux ailes par la cavalerie maure, tenant habilement leurs rangs, où de distance en distance sont semés des fantassins armés à la légère, résistent courageusement et soutiennent, sans s’ébranler, le choc des barbares ; ceux-ci cependant font pleuvoir sur les Romains, du haut de leurs coursiers et de leurs chameaux, une grêle meurtrière de traits et d’énormes javelots. Mais lorsqu’on en venait à combattre l’épée à la main, les Romains obtenaient facilement l’avantage. Quand ils se sentaient pressés trop vivement par la cavalerie et les nombreux chameaux de l’ennemi, ils feignaient de fuir et jetaient derrière eux sur le chemin des chausse-trapes, et autres instruments de fer pointus qui, enfoncés dans la terre, et inaperçus des cavaliers, étaient funestes aux chevaux et surtout aux chameaux, dont la corne est plus tendre. Foulant cette route hérissée de pointes, ils s’abattaient et renversaient leurs cavaliers. On sait que les barbares de ces contrées, tant qu’ils sont montés sur leurs chevaux ou sur leurs chameaux, se battent avec vigueur ; mais quand ils descendent ou sont renversés de leur monture, incapables de combattre de pied ferme, ils offrent