Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/233

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à leurs adversaires une proie facile. Leurs robes traînantes embarrassent tellement leurs jambes, qu’ils ne peuvent ni fuir ni poursuivre l’ennemi. Cependant on combattit deux jours depuis le matin jusqu’au soir. La nuit séparait les deux partis, qui se retiraient dans leurs camps, s’attribuant tous deux les honneurs de la journée. Le troisième jour, la lutte s’engagea dans une plaine ; les barbares, comptant sur la supériorité de leur nombre, essayèrent d’envelopper les Romains et de les enfermer comme dans un filet ; ceux-ci répondirent à cette manœuvre en diminuant l’épaisseur de leur phalange et en élargissant leur front, à mesure que l’ennemi étendait son cercle. Le carnage fut affreux ; toute la plaine fut couverte de morts. On voyait s’élever de tous côtés des monceaux de cadavres, et une prodigieuse quantité de chameaux périt dans la mêlée. Les deux armées, gênées dans leurs mouvements par cette multitude de corps morts, et pouvant à peine se voir à travers ces barrières sanglantes qui séparaient les combattants, furent obligées de suspendre la bataille et de se retirer dans leurs camps. Cependant Macrin vint à comprendre que, si Artaban luttait avec l’opiniâtreté du désespoir, c’est qu’il croyait combattre Antonin. Les barbares, qui ordinairement faiblissent et lâchent pied à la première résistance qu’on leur oppose, montraient cette fois une incroyable vigueur ; et ils se disposaient à recommencer le combat, quand des