Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/262

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qu’il avait élevés aux honneurs et aux dignités, soit sans motif, soit pour les crimes qui les avaient illustrés : chacun fut obligé de revenir à son rang et à sa condition première. On confia toutes les affaires, tous les emplois civils et ceux du barreau à des hommes renommés pour leur science, et versés dans la connaissance des lois ; les fonctions militaires à ceux qui s’étaient fait un nom par leur habileté dans la guerre et dans l’administration. Après avoir ainsi longtemps gouverné l’empire, Maesa, parvenue à une extrême vieillesse, cessa de vivre. Elle reçut les honneurs réservés aux impératrices et, selon l’usage des Romains, fut placée au rang des déesses. Mammée, restée seule auprès de son fils, s’efforça de le gouverner et de le diriger dans les mêmes principes. Voyant ce jeune homme placé dans le rang suprême, et craignant que l’ardeur de son âge, aidée par la licence du pouvoir absolu, ne le poussât dans quelqu’un des vices naturels à sa famille, elle gardait de toutes parts l’entrée de la cour et ne laissait parvenir auprès du jeune prince aucun homme qui fût décrié pour l’irrégularité de ses mœurs. Elle ne voulait point que son bon caractère fût corrompu par des flatteurs qui tourneraient vers de honteuses passions la fougue naissante de ses désirs.

III. Elle l’engageait à rendre la justice ; et cela fréquemment, et la plus grande partie du jour, afin