Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/263

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que, livré à une occupation honorable et nécessaire à l’empire, il n’eût point de temps à donner au vice. Alexandre était d’ailleurs d’un esprit naturellement doux, indulgent et humain, comme il le montra dans un âge plus avancé. Son règne eut quatorze ans de durée ; et il régna sans verser injustement une goutte de sang. On ne peut nommer personne que sa volonté ait sacrifié. On vit des hommes qui s’étaient rendus coupables des plus grands crimes devoir cependant la vie à sa clémence. Aucun empereur, de notre temps, ne donna depuis le règne de Marc-Aurèle un si rare exemple de modération. Il serait impossible de nommer, de se rappeler aucun citoyen qu’Alexandre, pendant tant d’années, ait fait périr sans condamnation.

IV. Le jeune prince blâmait souvent sa mère, et se plaignait de la voir dominée par une extrême avarice et tournant vers ce but toutes ses pensées. Sous prétexte, en effet, d’amasser de l’or pour qu’Alexandre pût au besoin faire aux soldats de généreuses et faciles largesses, elle accumulait des trésors pour elle-même. C’était une tache pour le règne de son fils, quoiqu’il s’opposât à ces excès, quoiqu’il reprochât à sa mère de ravir injustement à quelques citoyens leur fortune et leur héritage.

V. Cependant Mammée donna au prince une épouse