Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/268

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des troupes qui fussent égales à cette multitude immense de barbares dont l’on annonçait l’invasion. Alexandre, ayant convoqué les gardes prétoriennes, et leur ayant ordonné de se rendre dans l’enceinte accoutumée, monta sur son tribunal et prononça ces paroles :

IX. «  J’aurais voulu, compagnons d’armes, vous faire, comme d’ordinaire, un de ces discours qui m’attiraient autant d’honneur et d’applaudissements que vous éprouviez de plaisir à les entendre. Après avoir joui d’une douce paix pendant de longues années, si l’on vous annonce quelque changement, peut-être vous effrayerez-vous d ’appendre ces nouvelles inattendues. Mais si l’homme courageux et sage peut désirer qu’il ne lui arrive rien que d’heureux, il doit aussi savoir supporter les événements les plus contraires. Si le bonheur procure de douces jouissances, les circonstances fâcheuses ou difficiles amènent la gloire, quand on s’en tire avec courage. Être l’agresseur, c’est agir avec autant de légèreté que d’injustice ; s’opposer à l’agression, c’est puiser une nouvelle audace dans sa bonne conscience. L’idée seule que nous n’apportons point l’outrage, mais que nous le repoussons, nous remplit d’une forte espérance. Artaxerce, un Perse, après avoir tué son maître Artaban et transféré l’empire à sa nation, s’est enhardi jusqu’à braver vos armes, et au mépris de la