Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/68

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VII. Des exemples récents redoublaient encore ses paternelles angoisses : c’était Néron portant la fureur jusqu’à égorger sa mère, et la folie jusqu’à se livrer en spectacle aux risées du peuple. C’était Domitien, n’oubliant aucun des excès que peut imaginer la plus ingénieuse barbarie. Il se retraçait l’image de ces odieuses tyrannies ; il ne savait s’il (levait craindre ou espérer. Il trouvait un nouveau sujet d’inquiétude dans le dangereux voisinage des Germains, qu’il n’avait pas encore entièrement soumis. Une partie de ce peuple avoir fait volontairement alliance avec lui ; l’autre n’avait cédé qu’aux armes et à la victoire : quelques-uns même s’étaient soustraits au joug, contenus, pour le présent, par l’effroi que leur inspirait l’empereur. Aussi craignait-il que, dans leur mépris pour rage tendre de son fils, ils ne saisissent de nouveau les armes. Il connaissait bien ces barbares, toujours prêts à s’agiter à la moindre occasion. Flottant au milieu de ces inquiétudes, il convoque auprès de lui ses amis et tous ses proches. Il fait placer au milieu d’eux son fils, et quand il les voit tous réunis, se soulevant un peu sur son lit de mort, il prononce ces paroles :

VIII. « L’état dans lequel vous me voyez vous afflige ; je ne m’en étonne pas. Il est dans la nature de l’homme d’avoir pitié des maux de ses semblables ; et c’est surtout aux maux physiques qu’il est le plus