Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/69

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sensible. Entre nous d’ailleurs, il existe des rapports plus particuliers ; car je juge de vos sentiments d’après les miens, et j’attends à bon droit de vous une réciprocité de bienveillance. Il se présente aujourd’hui une occasion, à moi, d’éprouver si c’est en vain que pendant de si longues années, je me suis plu à vous combler de distinctions et d’honneurs ; à vous, de montrer par votre reconnaissance que vous n’êtes pas sans mémoire pour les bienfaits. Vous voyez ce jeune prince, mon fils, quo vous avez élevé vous-mêmes : il entre à peine dans l’adolescence ; et dans cette mer orageuse de la vie, il a besoin de sages pilotes qui guident son inexpérience, et l’empêchent de s’écarter du droit chemin pour aller se briser aux écueils du vice. Qu’il trouve en vous plusieurs pères au lieu d’un seul ; rendez-vous dignes de ce nom en lui inspirant sans cesse l’amour de la vertu et de l’honneur. Il n’est point d’assez grand trésor pour assouvir la cupidité d’un tyran ; il n’est point de garde assez nombreuse pour protéger les jours d’un roi, s’il n’est environné de l’affection de ses sujets. Ceux-là seuls jouissent d’un règne long et assuré qui aiment mieux inspirer à leurs peuples l’amour par la bonté, que l’effroi par la barbarie. Ce qui fait la sécurité des princes, ce ne sont point des esclaves soumis par la nécessité, tuais des hommes librement portes à l’obéissance. Ces derniers seuls sont étrangers à toute dissimulation, à toute bassesse dans leurs actions