Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/70

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comme dans leurs pansées, et jamais ils ne reconnaîtront une autorité qui ne s’exercera ni par la violence, ni par l’outrage ; mais quand on se voit maître de tous les autres, il est difficile de rester maître de soi-même et de réprimer la fougue de ses passions. C’est par de semblables leçons que vous devez guider mon fils ; répétez-lui souvent ces derniers conseils qu’il vient de recevoir devant vous ; vous formerez ainsi pour vous-même et pour le monde entier, un excellent prince, et vous aurez bien mérité de ma mémoire qu’à cette condition seule vous pouvez rendre glorieuse et immortelle. »

IX. La faiblesse l’empêcha de continuer, et il retomba défaillant sur son lit. A ce spectacle, une douleur si violente s’empara de tous les assistants, que plusieurs ne purent la maîtriser et poussèrent des cris de désespoir. L’empereur vécut encore une nuit et un jour ; puis il mourut, laissant à ses contemporains les regrets les plus amers et à la postérité l’immortel souvenir d’une vertu sans tache. Quand le bruit de son trépas vint à se répandre, la plus vive affliction s’étendit et sur l’armée et sur tout le peuple. Il ne se trouva pas un seul homme dans tout l’empire romain qui reçût sans larmes cette funeste nouvelle. Tous célébraient en lui, comme d’une seule voix, ou le bon père, ou le monarque juste, ou le général habile, ou le prince vertueux