Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/74

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peignaient les plaisirs de toute espèce que réunissait ce séjour ; ils lui décrivaient l’abondance au sein de laquelle couleraient ses jours. A ce tableau, ils opposaient les rives stériles de l’Iister, des frimas, des nuages éternels. « Quand cesserez-vous, disaient-ils, ô notre auguste maître, de boire une eau glacée, qu’on tire avec effort du sein de la terre ? d’autres cependant jouiront en paix de ces sources tièdes, de ces frais ruisseaux, de ces zéphirs, de ce ciel que possède l’Italie seule ? » En ne cessant de lui offrir ce spectacle de bonheur, ils tournèrent facilement l’esprit du jeune prince vers le goût des voluptés.

Xlll. Aussi se hâta-t-il de convoquer les amis de son père pour leur dire qu’il brûlait de revoir sa patrie. Mais n’osant pas leur avouer les causes de cette résolution subite, il manifesta la crainte qu’un des citoyens opulents de la noblesse ne s’emparât du palais, et là, comme du fond d’une citadelle, rassemblant et organisant des forces, ne parvint à se rendre maître du trône : « Cet usurpateur, ajoutait-il, pourrait trouver un grand nombre d’auxiliaires dans l’élite de la jeunesse romaine. »

XIV. En entendant le discours et les vains prétextes de l’empereur, tous les assistants restèrent stupéfaits de crainte, et baissèrent leurs yeux mornes et abattus. Un seul, Pompéianus, le plus vieux de