Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/79

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jeunesse de l’empereur, livra son inexpérience aux plaisirs et à la débauche, se chargea lui-même des soins et des travaux de l’empire et sut attirer à lui l’autorité tout entière. Dévoré d’une insatiable avidité, dédaignant toujours ce qu’il venait d’acquérir, pour désirer ce qu’il ne possédait pas encore, il commença par poursuivre de ses calomnies les amis du père de Commode ; et bientôt par les soupçons qu’il sut répandre sur tous les citoyens riches et nobles, il effraya le jeune prince, obtint leur supplice et s’ouvrit ainsi un chemin à l’envahissement de leur fortune.

XX. Pendant quelque temps néanmoins Commode fut contenu et par le souvenir de son père et par le respect qu’il portait aux anciens amis de ce vertueux prince ; mais tout à coup une destinée cruelle et jalouse sembla se plaire à pervertir entièrement sa modération et sa sagesse. Lucilla, sa sœur aînée, avait eu d’abord pour époux Lucius Verus que Marc-Aurèle avait associé à l’empire et qu’il s’attacha par les nœuds les plus étroits en l’unissant à sa fille. Lucius Verus vint à mourir ; Marc-Aurèle en laissant à sa fille les honneurs de la dignité impériale, lui fit épouser Pompéianus. Commode, parvenu à l’empire, ne la dépouilla point de ces honneurs, et permit qu’elle s’assit au théâtre sur le siége impérial et qu’on portât le feu devant elle. Mais