Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’hommes et d’animaux. Commode, d’après le conseil de ses médecins, se retira à Laurente, lieu renommé par sa fraîcheur et couvert d’épaisses forêts de lauriers, dont il a tiré son nom. Les médecins lui vantaient la salubrité de cet endroit, préservé, disaient-ils, de la contagion de l’air par l’odeur des lauriers et l’agréable ombrage de ses bois. Aussi, dans la ville même, la plupart des habitants, sur leur avis, s’introduisaient dans le nez et dans les oreilles les parfums les plus suaves, et faisaient un usage continuel d’essences et d’aromates. On prétendait que ces odeurs occupant les passages des sens, en fermaient l’accès aux exhalaisons contagieuses, ou en détruisaient par leur force la pernicieuse influence. Le mal néanmoins ne cessait de croître de jour en jour et de frapper une multitude innombrable de victimes.

XXXVII. Dans le même temps Rome fut en proie à la disette. Voici quelle fut la cause de ce nouveau désastre. Un esclave phrygien, nommé Cléandre, qui, vendu à l’encan sur la place publique, avait été acheté pour le palais de l’empereur, vit sa fortune commencer avec le règne de Commode, et parvint sous ce prince au plus haut degré d’honneur et de pouvoir : l’empereur lui avait confié la garde de sa personne, l’intendance de son palais et le commandement des armées. Bientôt ses richesses et l’habitude