Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/93

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à pied, ne pouvait résister à des hommes armés et à cheval : le peuple prend la fuite, et rentre dans Rome en désordre ; un grand nombre de citoyens tomba sous le fer des soldats ou sous les pieds des chevaux ; beaucoup même furent étouffés par la foule, et s’écrasaient les uns les autres, cherchant à éviter les charges de la cavalerie. Les gardes de l’empereur poursuivirent ainsi le peuple jusqu’aux portes de Rome sans éprouver de résistance, et en frappant au hasard. Mais ceux qui étaient restés dans la ville n’eurent pas plutôt appris le massacre de leurs concitoyens, qu’ils fermèrent les portes de leurs maisons, montèrent sur les toits, et firent pleuvoir sur les cavaliers une grêle de pierres et de tuiles. Le peuple alors, sans faire tête aux soldats, les combattit en sûreté et avec avantage. Blessés en grande partie, et incapables de soutenir plus longtemps cette lutte inégale, les cavaliers prirent la fuite à leur tour. Beaucoup périrent sous les projectiles que ne cessait de lancer le peuple. Beaucoup aussi furent précipités de leurs chevaux, qui s’embarrassant dans les pierres dont les rues étaient couvertes, renversaient leurs cavaliers. Il se fit de part et d’autre un grand carnage : les soldats en garnison à Rome avaient pris parti pour le peuple contre les cavaliers, qu’ils détestaient.

XXXIX. Pendant que Rome était livrée à cette