Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/94

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guerre intestine, personne n’osait apprendre à Commode ce qui se passait, tant le pouvoir de Cléandre inspirait de craintes. Mais Fadilla, sœur aînée de Commode, à qui ce titre donnait auprès du prince un libre accès, accourt vers lui tout éperdue ; ses cheveux flottent épars ; elle se précipite à terre, son maintien exprime une désolation profonde : «  Ô mon frère, mon empereur, s’écrie-t-elle, vous vous livrez au repos, vous ignorez tout ce qui se passe autour de vous, vous vous endormez au milieu des plus grands dangers. Nous mêmes, votre propre sang, nous sommes en péril de la vie. Votre peuple, la plus grande partie de votre garde, en ce moment s’égorgent. Ce sont vos esclaves qui nous font éprouver des maux que nous n’avons jamais craints des barbares mêmes ; ceux que vous avez comblés de bienfaits se montrent vos plus grands ennemis. C’est Cléandre qui a armé contre vous le peuple et les soldats. Le peuple qui l’abhorre, les cavaliers qui le chérissent, se livrent des combats meurtriers, se massacrent et inondent Rome du sang romain. Mais le sang des deux partis retombera sur nous, si vous ne versez au plus tôt celui de l’insolent esclave qui a causé la mort de tant d’hommes, et qui déjà sans doute médite la nôtre. »

XL. En disant ces mots, elle déchire ses vêtements. Encouragés par ces paroles, plusieurs de ceux