Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/96

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XLII. Cependant Commode, malgré les craintes que lui inspirait le peuple, dont il redoutait le soulèvement, céda aux conseils de ses courtisans, et revint à Rome, où il fit une entrée solennelle au mi-lieu des acclamations de la multitude, qui l’accompagna jusqu’à son palais. Mais les périls auxquels il s’était vu exposé le rendirent défiant envers tout le monde. Il prodigua les supplices, ouvrit l’oreille aux délations les plus fausses, renonça à la société des gens de bien et répudia tout sentiment d’honneur et de vertu. Son âme fut asservie tout entière à la débauche et à des plaisirs déréglés, qui se disputaient sans interruption ses nuits et ses jours. Pour peu qu’on eût de probité et d’instruction, on était banni de la cour comme dangereux.

XLIII. Mais les histrions, les bouffons qui représentaient les scènes les plus ignobles, étaient en grande faveur auprès du prince. Il s’exerçait sans relâche à conduire des chars, à combattre corps à corps des bêtes féroces ; les courtisans ne cessaient de louer son courage et l’entretenaient ainsi dans des goûts auxquels un prince sage ne se serait pas livré avec tant d’excès. XLIV. A cette époque, on vit plusieurs prodiges. Des étoiles ne cessèrent de briller pendant le jour ; quelques-unes, d’une grandeur gigantesque, paraissaient