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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

au fils d’Amphitryon, je m’arrêterai à celles-ci : le père et la mère de cet Hercule, Amphitryon et Alcmène, étaient originaires d’Égypte[1] ; bien plus, les Égyptiens disent qu’ils ignorent jusqu’aux noms de Neptune et des Dioscures, et ils n’ont jamais mis ces dieux au nombre de leurs divinités : or, s’ils eussent emprunté des Grecs le nom de quelque dieu, ils auraient bien plutôt fait mention de ceux-ci. En effet, puisqu’ils voyageaient déjà sur mer, et qu’il y avait aussi, comme je le pense, fondé sur de bonnes raisons, des Grecs qui pratiquaient cet élément, ils auraient plutôt connu les noms de ces dieux que celui d’Hercule.

Hercule est un dieu très-ancien chez les Égyptiens ; et, comme ils le disent eux-mêmes, il est du nombre de ces douze dieux qui sont nés des huit dieux, dix-sept mille ans avant le règne d’Amasis.

XLIV. Comme je souhaitais trouver quelqu’un qui pût m’instruire à cet égard, je fis voile vers Tyr en Phénicie, où j’avais appris qu’il y avait un temple d’Hercule en grande vénération. Ce temple était décoré d’une infinité d’offrandes, et, entre autres riches ornements, on y voyait deux colonnes, dont l’une était d’or fin, et l’autre d’émeraude, qui jetait, la nuit, un grand éclat[2]. Un jour que je

  1. « Témoin l’inscription gravée sur une tablé d’airain qu’on trouva à Haliarte en Béotie, sur le tombeau d’Alcmène. Avec le corps étaient un petit bracelet d’airain et deux amphores de terre, qui contenaient de la terre qui avec le temps s’était durcie comme de la pierre. Agésilaüs fit transporter ces restes à Sparte. L’inscription avait, par l’ancienneté de ses caractères, l’air merveilleux. On ne put y rien connaître, même après avoir lavé la table d’airain. On reconnut cependant que ces lettres étaient barbares, et ressemblaient beaucoup à celles des Égyptiens. Agésilaüs en fit prendre des copies, qu’il envoya en Égypte. Agétoridas les remit, de la part de ce prince, au prophète Chonuphis. Celui-ci en donna l’explication, et l’envoya au roi. » (Plut. de Socrat. genio.) — C’était donc dans la langue des anciens Égyptiens que les amateurs des étymologies auraient dû chercher la signification des noms d’Amphitryon, d’Alcmène et d’Hercule. (L.)
  2. C’était probablement une émeraude bâtarde, un pseudosmaragdus. Cependant ces sortes de pierres ne rendent point de clarté la nuit. Si donc notre historien a été bien informé, et si l’on n’a point abusé de son ingénuité, je croirais volontiers, avec les auteurs de l’Histoire universelle anglaise, que cette colonne n’était pas même un pseudosmaragdus, mais du verre coloré, dont l’intérieur était éclairé par des lampes. (L.)