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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

riter aucune sorte de croyance. Ils ajoutent aussi que, si l’on avance plus loin, on trouve d’autres peuples qui dorment six mois de l’année. Pour moi, je ne puis absolument le croire. On sait que le pays à l’est des Argippéens est occupé par les Issédons ; mais celui qui est au-dessus, du côté du nord, n’est connu ni des Argippéens ni des Issédons, qui n’en disent que ce que j’ai rapporté d’après eux.

XXVI. Voici les usages qui s’observent, à ce qu’on dit, chez les Issédons. Quand un Issédon a perdu son père, tous ses parents lui amènent du bétail : ils l’égorgent, et, l’ayant coupé par morceaux, ils coupent de même le cadavre du père de celui qui les reçoit dans sa maison, et, mêlant toutes ces chairs ensemble, ils en font un festin. Quant à la tête, ils en ôtent le poil et les cheveux, et, après l’avoir parfaitement nettoyée, ils la dorent, et s’en servent comme d’un vase précieux dans les sacrifices solennels qu’ils offrent tous les ans. Telles sont leurs cérémonies funèbres ; car ils en observent en l’honneur de leurs pères, ainsi que les Grecs célèbrent l’anniversaire de la mort des leurs. Au reste, ils passent aussi pour aimer la justice ; et, chez eux, les femmes ont autant d’autorité que les hommes.

XXVII. On connaît donc aussi ces peuples ; mais, pour le pays qui est au-dessus, on sait, par le témoignage des Issédons, qu’il est habité par des hommes qui n’ont qu’un œil, et par des Gryphons qui gardent l’or. Les Scythes l’ont appris des Issédons, et nous des Scythes. Nous les appelons Arimaspes en langue Scythe. Arima signifie un en cette langue, et spou œil.

XXVIII. Dans tout le pays dont je viens de parler, l’hiver est si rude, et le froid si insupportable pendant huit mois entiers, qu’en répandant de l’eau sur la terre on n’y fait point de boue, mais seulement en y allumant du feu. La mer même se glace dans cet affreux climat, ainsi que tout le Bosphore Cimmérien ; et les Scythes de la Chersonèse passent en corps d’armée sur cette glace, et y condui-

    sur les plus grandes élévations. Ainsi, ceux-ci prenaient au figuré cette expression, pieds de chèvre, tandis qu’Hérodote l’entendait au propre (L.)