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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

de Chilon et petite-fille de Démarmène, il l’avait privé de ce mariage par ses artifices, et parce qu’il l’avait prévenu en l’enlevant et en la prenant pour sa femme. Telle était la cause de la haine que portait Léotychides à Démarate. Il soutint alors avec serment, à la sollicitation de Cléomène, que, Démarate n’étant point fils d’Ariston, la couronne de Sparte ne lui appartenait pas légitimement. Après ce serment, il ne cessa de le poursuivre, et de répéter le propos qu’avait tenu Ariston lorsqu’un de ses officiers étant venu lui annoncer la naissance de son fils, il supputa les mois, et jura que cet enfant n’était point à lui. Léotychides, insistant sur ce propos, prouvait que Démarate n’était ni fils d’Ariston, ni roi légitime de Sparte ; et il prenait à témoin les éphores qui siégeaient alors avec ce prince, et qui lui avaient entendu tenir ce langage.

LXVI. Enfin, des disputes s’étant élevées à ce sujet, les Spartiates résolurent de demander à l’oracle de Delphes si Démarate était véritablement fils d’Ariston. Cette affaire ayant été déférée à la Pythie par les soins de Cléomène, celui-ci mit dans ses intérêts Cobon, fils d’Aristophante, qui jouissait à Delphes d’un très-grand crédit. Cobon persuada Périalle, grande prêtresse d’Apollon, de dire ce que souhaitait d’elle Cléomène. Ainsi, lorsque les députés de Sparte interrogèrent la Pythie, elle décida que Démarate n’était point fils d’Ariston. Mais, dans la suite, ces intrigues ayant été découvertes, Cobon fut banni de Delphes, et Périalle déposée.

LXVII. Ce fut ainsi qu’on s’y prit pour détrôner Démarate. Mais un autre affront le força de se sauver de Sparte, et de chercher un asile chez les Mèdes. Il avait été élu, après être descendu du trône, pour exercer un emploi dans la magistrature. Un jour qu’il assistait aux Gymnopédies[1], Léotychides, qui était déjà roi en sa place, lui en-

  1. Les gymnopédies étaient à Sparte une fête où les enfants chantaient nus des hymnes en l’honneur d’Apollon, et des trois cents Lacédémoniens qui avaient péri au combat des Thermopyles. Ces fêtes se célébraient au mois d’hécatombéon, vers le 7 ou le 8, qui répondent au 20 et au 21 juillet. En effet, la bataille de Leuctres se donna le 5 de ce mois, et la nouvelle en vint à Sparte le dernier des jeux. On était alors au théâtre occupé à les voir, et le chœur des hommes était déjà entré. Ces jeux duraient par consé-