mière partie, en laissant de côté les invocations à la Bergeronnette et à Séléné, les enchantements et les philtres, que trouvons-nous sinon l’éternelle histoire de la fille séduite et délaissée ? On peut même dire que rien ne manque à ce vieux roman pour qu’il ait son air classique. C’est d’abord la rencontre toute fortuite des deux amants : la nourrice de Simaitha la presse d’aller voir un cortège, elle cède, et c’est alors qu’elle rencontre Delphis, le beau séducteur à la barbe dorée, aux membres luisants, à la démarche souple. Simaitha devient amoureuse du bel athlète : « le Myndien la possède entièrement », elle lutte quelques jours contre elle-même, mais son désir reste le plus fort : son esclave Thestylis lui sert d’entremetteuse — détail classique —, et Delphis devient son amant. Mais ce bonheur n’est pas de longue durée ; on sent d’après le récit de Simaitha que le galant n’était pas sérieusement épris d’elle ; sa belle prestance, son air vainqueur lui ont sans doute valu plus d’une bonne fortune, il n’a pas négligé celle-là parce que Simaitha lui a paru jolie, mais la lassitude arrive bientôt, et déjà le beau Delphis rêve une autre conquête. Ce qui se cache sous l’admirable poésie de Théocrite, c’est le réalisme de ces sortes d’aventures : les vers harmonieux du poète laissent pourtant voir la sensualité de la femme amoureuse et l’hypocrisie banale du séducteur.
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