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Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/30

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mime ou dans la comédie nouvelle, on ne saurait le dire, car les textes nous manquent et c’est seulement deux siècles plus tard que nous trouverons le même personnage traité par Ovide ou par Properce. Partout il se montre sous les mêmes traits, doucereux, insinuant et hypocrite. La vieille Gullis vient trouver Métriché en d’absence de son mari, parti depuis dix mois pour l’Égypte. Elle entre timidement, comme une pauvresse, et se fait annoncer comme la mère de Philénion, la sœur de lait de Métriché sans doute. Elle s’excuse de n’être pas venue depuis longtemps : elle demeure si loin, et les rues sont si malpropres ; elle cherche ensuite à se faire plaindre : la vieillesse l’accable, dit-elle, et ses jours sont comptés. Métriché n’en croit rien, et Gullis n’insiste pas : elle vient tout de suite à son fait. Voilà dix longs mois que Mandris est parti pour l’Égypte, il paraît oublier sa femme et s’abandonner aux séductions de ce merveilleux pays. Tout s’y trouve en effet réuni : jouissances du corps et joies de l’esprit ; les femmes y sont belles à rendre jalouses les trois déesses de l’Ida ; Mandris a cédé sans doute à la tentation, il s’enivre de tous ces plaisirs et s’oublie dans les bras d’une autre femme. Cependant que fait Métriché ? Elle se consume sur sa chaise, elle oublie que sa beauté se fane et que le plaisir n’a qu’un temps. N’est-ce pas folie de sa part de garder sa foi à l’infidèle, et le