ponazzi peut s’exprimer surtout en disant que quelque chose peut être vrai pour le théologien, sans être vrai pour le philosophe. Qu’on songe qu’il conclut comme philosophe par un problema neutrum. Aussi n’avons-nous pas de raison de douter du sérieux de cette théorie de la foi et de la science, pour y voir de l’ironie, ou simplement une échappatoire1. Il fait l’impression d’une nature de chercheur qui procède à l’investigation avec un sérieux absolu. Il compare le philosophe à Prométhée, en ce que, dans l’effort qu’il fait pour pénétrer les secrets de Dieu, il est continuellement rongé par d’inquiètes pensées. Il se peut que chez lui la raison ait été plus développée que la volonté qui devait le lier à la foi ; mais il pouvait très bien être sérieux en voulant sauvegarder les prétentions de ces deux éléments. Seulement on constate chez lui l’absence d’un développement plus ample des rapports entre la volonté et la foi. Il se borne à indiquer la volonté comme base de la foi, sans en donner d’autre explication, bien que cela soit d’un grand intérêt.
Outre l’ouvrage dont on vient de parler, Pomponazzi a aussi écrit sur la magie et a cherché à donner une explication naturelle d’événements que l’on interprétait comme effets d’une action surnaturelle. Cet ouvrage est intéressant pour sa tendance à affirmer le principe des causes naturelles, bien que les causes dont il se sert relèvent également, d’après notre conception, de la notion de superstition. C’est en effet surtout sur l’influence des étoiles qu’il s’appuie, influence que l’époque ne regardait pas comme surnaturelle. — Dans un troisième ouvrage, il discute le problème de la prédestination divine et de la volonté de l’homme. Il montre avec sagacité la contradiction que recèle la question. Comme philosophe, il se fonde sur les vérités stables, confirmées par l’expérience, touchant la réalité de la volonté humaine ; il laisse indécis, comme étant un problème insoluble, les rapports de cette volonté avec l’activité divine, en se servant ici également de la distinction entre foi et science.
Cette distinction ne lui fut du reste d’aucun secours. À Venise, l’inquisition fit brûler son ouvrage « de Immortalitate », et s’il n’avait pas possédé dans le cardinal Bembo, ami du pape Léon X, un puissant protecteur, peut-être aurait-il eu le même sort que son livre. —