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la haute réputation des professeurs qui y ont successivement présidé.

Aujourd’hui, son organisation, l’utile et noble destination de ses Élèves, la protection spéciale de S. M. l’Empereur, sous les yeux duquel elle fleurit, tous ces titres lui assurent le premier rang parmi nos institutions de l’instruction publique. J’ai voulu signaler, autant qu’il est en moi, tous ces avantages ; j’ai voulu contribuer à les rendre sensibles aux jeunes gens, aux pères de famille et aux instituteurs ; enfin, j’ai cru remplir les vues du Gouvernement, en faisant moi-même l’ouverture de ces Examens, et en y appelant toutes les personnes qui, par leurs fonctions on la nature de leurs études, peuvent contribuer à l’intérêt et à la solennité de cette cérémonie.

L’École Polytechnique, Messieurs, n’est point une de ces institutions, telles que les capitales en ont offert quelquefois des exemples, qui, placées au premier rang par des privilèges plutôt que par des services, ne répondent aux faveurs du Gouvernement que par des prétentions, et n’obtiennent jamais d’autre éclat que celui qu’elles tirent de la protection du Souverain. La plus grande gloire de l’École Polytechnique lui est personnelle ; elle lui vient de cette nombreuse suite d’Élèves qui sont sortis de son sein. Quelques-uns ont déjà rendu leurs noms célèbres dans l’Europe ; plusieurs occupent dans leur patrie des places éminentes, récompense de leurs services : tous font rejaillir sur l’École qui les a formés, l’honneur et la considération qu’ils se sont acquis.

C’est même un sujet d’étonnement lorsqu’on considère la multitude d’hommes distingués dans tous les genres, qui s’honorent du titre de ses Élèves, de réfléchir qu’elle a à peine quinze ans d’existence. Mais elle offre cela de particulier dans son histoire, qu’elle n’a pas eu d’enfance. Née au milieu des orages politiques, ses premiers fondateurs furent les premiers savans de la France ; et ils se servirent, pour répandre et pour perfectionner les arts utiles, de toute l’énergie, de toute l’activité, de tout l’enthousiasme qui caractérisa cette époque, et qui, hors l’enceinte de cet asile des sciences, étoit dirigé par des cours moins purs, et vers de moins nobles usages.

Depuis ce moment, on a vu chaque année sortir de dessus ses bancs des essaims de jeunes savans qui se sont répandus dans nos armées, dans nos ports, sur nos routes et dans nos lycées. Par tout ils ont porté cette aptitude éclairée, qui simplifie et perfectionne tous les objets auxquels elle s’applique, et qui elle même n’est qu’une continuelle application des théories de la science. C’est là le plus grand service que pourroit rendre l’École