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FÈ-NI-HAN.

Eh bien, moi, toutes réflexions également faites, je t’empale !

KÉ-KI-KA-KO.

Vous tenez à l’empalement ?

FÈ-NI-HAN.

Mon Dieu, oui !

KÉ-KI-KA-KO.

Alors, je cours me joindre aux révoltés ! Ils sont quarante-sept, je serai le quarante-huitième !

FÈ-NI-HAN.

Arrête ! arrête !

KÉ-KI-KA-KO.

J’arbore l’étendard de la révolte et j’entonne le chant du Ba-ta-clan !

FÈ-NI-HAN.

N’arbore pas ! n’entonne pas, malheureux ! tu appelleras les conjurés.

KÉ-KI-KA-KO.

J’entonne !

FÈ-NI-HAN.

N’entonne pas !

KÉ-KI-KA-KO.

J’entonne !

FÈ-NI-HAN.

Mais si tu entonnes, j’entonne aussi ! Je me connais, moi ! ce chant est tellement enlevant tellement empoignant, que, dès que je l’entends, je le chante moi-même contre moi-même.

KÉ-KI-KA-KO.

En avant le Ba-ta-clan !

FÈ-NI-HAN.

Allons ! en avant le Ba-ta-clan !

(Fè-ni-han prend son chapeau chinois, Ké-ki-ka-ko ses cymbales, Fé-an-nich-ton son triangle.)
FINAL.
FÈ-NI-HAN, FÉ-AN-NICH-TON, KÉ-KI-KA-KO.
I

Le chapeau chinois, le trombone,
Le triangle, le tambourin,
Le saxhorn et le saxophone,
Hurlent de Nankin à Pékin :
Ba-ta-clan !
Ba-ta-clan !
Fè-ni-han !
Fich-ton-kan !

II

Habitants du Céleste-Empire,
Levez votre antique étendard !
Ce n’est pas le moment de rire,
Prenez la torche et le poignard !
Ba-ta-clan !
Ba-ta-clan !
Fè-ni-han !
Fich-ton-kan !

FÈ-NI-HAN, écoutant.
Écoutez ! les voici ! c’est mon heure dernière !

Rien ne peut me soustraire
À ce triste trépas !
À ma mort, je le sens, je ne survivrai pas !

KÉ-KI-KA-KO.
Il s’agit de montrer de l’aplomb.
FÉ-AN-NICH-TON.
Il s’agit de montrer de l’aplomb. Du courage !
FÈ-NI-HAN.
Que je voudrais m’échapper de ces lieux !

Oui, dans les Huguenots, mes amis, avec rage,
Chantons comme des furieux !

(Entrent le chef des Conjurés et les Conjurés, parvenus au dernier degré de l’exaspération, Fè-ni-han. Fé-an-nich-ton et Ké-ki-ka-ko marchent à leur rencontre, en se tenant unis tous trois et en mêlant le refrain du Ba-ta-clan ! au choral du cinquième acte des Huguenots : Hosannah, mort je t’aime ! Un des Conjurés les interrompt en apportant à Fè-ni-han, sur un plateau d’argent, une grande lettre cachetée de rouge.)
FÈ-NI-HAN.
Quèsaco ?
KÉ-KI-KA-KO.
Quèsaco ? C’est une lettre
FÉ-AN-NICH-TON.
Qu’entre vos mains
KÉ-KI-KA-KO.
Qu’entre vos mains Il vient de remettre
FÈ-NI-HAN, (parlé.)

Lisons l’adresse ! À monsieur, monsieur Anastase Nourrisson, dit Fè-ni-han, en son palais, de la part de Ko-ko-ri-ko, chef des Conjurés.

FÈ-NI-HAN.
Il sait mon nom !
KÉ-KI-KA-KO et FÉ-AN-NICH-TON.
Il sait mon nom ! Il sait son nom !
ENSEMBLE.
Il sait mon nom ! Il sait son nom ! Destin fatal !
FÈ-NI-HAN, battant la mesure.

(Parlé.) Une !

(Chanté.) Quel est donc !

KÉ-KI-KA-KO, de même.

(Parlé.) Une ! deux !

(Chanté.) Ce mystère !

(Parlé.) Une ! deux ! trois !

(Chanté.) Ce mystère !

KO-KO-RI-KO, s’avançant vers le public.

(Parlé.) Une ! deux ! trois ! quatre !

(Chanté.) Infernal !

FÈ-NI-HAN, (parlé.)

Brisons le sceau ! (Il décachète la lettre.) Lisons ! (Pendant toute cette lecture, Ko-ko-ri-ko se tient debout à droite sur le devant de la seine conservant une figure impassible.) « Ô Fè-ni-han, grand idiot. »