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la littérature canadienne française

sous que nous leur aurons donnés[1], peut être danseront-elles en ronde, en chantant Sur le Pont d’Avignon. Peut-être entendrons-nous une mère apprendre à son marmot un de ces riens délicieux, de ces radotages adorables, que l’on raconte aux tout petits : nous nous croirons encore en France. C’est donc dans les chansons et dans les formulettes canadiennes que nous chercherons à coup sûr la preuve de notre fraternité. Sans doute, il est de mode aujourd’hui, quand on parle du Canada, de mettre en relief « ce qui sépare ». On nous excusera de commencer ce livre en évoquant « ce qui rapproche », et l’on voudra bien trouver là non pas une coïncidence fortuite, mais l’expression d’une pensée consciente et d’une volonté réfléchie.

Cette étude est facile d’ailleurs. Voilà quarante ans bientôt que M. Ernest Gagnon, le Tiersot canadien, a publié la première édition de son inestimable recueil[2]. Récemment, il a eu la bonne idée de réunir en volume une série d’articles et d’études, qui renferment bien des renseignements curieux sur le folklore de son pays[3], en particulier de trop courtes notices sur les chants hurons et sur les noëls populaires. Le livre de M. Ernest

  1. Souvenirs rappelés par M. le Conseiller d’État Herbette, dans ses causeries à l’Alliance Française.
  2. Les chansons populaires du Canada, 1re édition, 1865 ; 3e éd. 1894 ; 4e éd. 1900 (Darveau, Québec.) Nous renvoyons a la 3e édition.
  3. Choses d’autrefois, 1 vol. in-18 (Broussault et Proux, Québec, 1905).