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DU BOIS-HUS

tous les soirs faire honte à celles que la Nature entretient dans les parterres et les allées, » devant la Seine, « qui embrasse visiblement le cœur de cette superbe cité [Paris] et semble estre marrie d’en desloger. » Dans ces phrases, que j’abrège à regret, nous avons, tracée par une main complaisante, une esquisse, qu’on chercherait vainement ailleurs, du Paris de Louis XIII et de Richelieu ; Du Bois-Hus exprime sa joie d’être Français avec une bonne humeur et une bonhomie qui sentent leur Breton d’une lieue ; mais il est temps de le faire connaître comme poète, et, sans m’astreindre à le suivre pas à pas, j’irai glanant dans son œuvre ce qui me semblera mériter d’échapper à l’oubli.

Je suis loin de prétendre que Du Bois-Hus n’ait pas eu les défauts poétiques de son temps : pas plus que ses meilleurs contemporains, il n’a su se préserver du jargon des ruelles, ni de la fausse élégance des précieuses que Molière devait vouer à l’immortalité du ridicule. À une époque où l’on écrivait la Métamorphose des yeux de Philis en astres, c’était un péché mignon que d’appeler ces pauvres yeux « des archers amoureux » et « de vivants carquois ; » mais je ne pense pas que le Père Le Moyne ou l’abbé Cotin aient imaginé rien de plus étonnant que cette strophe, destinée à peindre l’effet d’un clair d’étoiles dans l’eau :

L’illustre déesse des mois,
Quittant son arc et son carquois,
Descend avec eux [les astres] dedans l’onde ;