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Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/295

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POETÆ MINORES ARMORICI

À ce dernier trait surtout, à cet attachement pour le vieil idiome, qui était cultivé dès le début de l’ère chrétienne, on ne peut méconnaître un Breton.

Les vers, que je veux citer à présent, n’ont rien de bien remarquable, mais ils démontrent qu’il y avait en Bretagne, au XVIIe siècle, des cercles de beaux esprits, où l’on s’occupait de poésie. Le 11 janvier 1632, Philippe de Cospéan, alors évêque de Nantes et l’un des hommes les plus distingués de son époque, célébrait solennellement, dans son église cathédrale, le sacre d’un religieux de son diocèse, qui venait d’être promu évêque de Saintes ; à cette occasion, et pour payer au nouveau prélat un tribut de félicitations et de regrets, plusieurs notables habitants de Nantes composèrent des vers ; l’un d’eux, le sieur du Housseau-Poulain, avocat du roi au présidial de Nantes, écrivit le petit poème suivant, où il fait parler le Génie nantois :

Prélat sacré, tu vois de Nantes le Génie,
Qui salüe le tien en ce célèbre jour,
Et te vient tesmoigner, en ceste compagnie,
Par l’excès de son dueil, celuy de son amour.

Excuse le regret sensible qui me touche ;
Si mon front et ma voix sont tristes aujourd huy,
Je ne sçaurois avoir le ris dedans la bouche,
Et porter dans le sein la douleur et l’ennuy.

En me représentant que le jour de ta feste
Sera bientost suivy de ton esloignement,
Je dis qu’en te posant la mitre sur la teste,
On m’arrache du chef mon plus cher ornement.