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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/14

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À mesure que le soleil baissait le spectacle devenait plus lugubre, et quelqu’un qui serait venu errer en cet endroit n’aurait jamais soupçonné qu’il y avait là une habitation humaine.

Cependant, Marion attendait toujours assise sur son balcon, prêtant l’oreille de temps en temps et regardant du côté des taillis, en haut du ruisseau, à travers lesquels elle avait, jusque-là, espéré voir apparaître son époux monté sur son coursier favori. Munroe, toutefois, ne paraissait pas.

Le petit enfant, les bras autour du cou de sa mère et la tête sur son épaule, était tombé dans un paisible sommeil.

Embrasse tendrement ton enfant, Marion, car il s’écoulera bien du temps, une éternité en apparence, avant qu’il repose encore ainsi dans tes bras !

À part les bruissements prolongés du feuillage agité au-dessus de la tête de la jeune femme, et le murmure monotone des eaux courantes, tout était silencieux comme durant toute l’après-midi. À une imagination nerveuse ce silence de mort aurait pu présager un grand malheur.

Mais la jeune femme était habituée à cette solitude naturelle, et seule, l’absence prolongée de son mari la préoccupait en ce moment.

Tout à coup, un vautour vint planer au-dessus de la maisonnette. Cet oiseau de mauvais augure semblait avoir été choisi par un sort cruel pour donner le signal d’un terrible changement.

L’oiseau qui venait évidemment de se gorger de la chair de quelque animal blessé essayait de voler, d’arbre en arbre, mais soudain il tomba, avec un grand battement d’ailes à travers le feuillage et vint s’abattre sur la pelouse en fleurs, devant la maison, à dix pieds du balcon sur lequel la jeune femme était assise. Celle-ci fut étonnée de la soudaine apparition de cet oiseau de proie et du bruit qu’il avait causé.