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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/15

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Le gros busard restait là, ses yeux repoussants fixés sur Marion. C’était un spectacle dégoûtant, et propre en même temps à causer de l’effroi ; le bec et les plumes du vautour étaient couverts de sang figé et exhalaient une odeur infecte.

Marion ne songeait guère que cet oiseau, par sa chute, devait attirer sur elle l’attention d’un espion Apache, barbouillé et hideux, et que ce busard était destiné à faire fondre sur elle et les siens, des malheurs comme peu de mortels ont jamais été appelés à en endurer.

Il devait en être ainsi malheureusement.

À peine l’oiseau s’était-il abattu sur la pelouse, qu’à travers le taillis qui entourait le rond-point, s’élança un Apache, au visage affreusement peint. En apercevant la jeune femme et l’enfant, une exclamation de joie et d’étonnement sortit en même temps de ses lèvres.

— « Ugh » ! s’écria-t-il.

À cette exclamation, Marion répondit par un cri de vive terreur.


CHAPITRE V
MUNROE L’ENRAGÉ ET LES MARAUDEURS

Il était arrivé qu’un parti de guerre Apache avait établi son camp de l’autre côté du Concho, juste en face de l’habitation de Munroe ; un accident des plus ordinaires fit découvrir la maison de nos amis. Un des Apaches qui se trouvait sur la rive sud du fleuve, vit sur le rivage opposé, un cerf qui se désaltérait. Il était impossible pour le sauvage de le viser juste de l’endroit où il était placé ; il attendit donc que l’animal eut fini de boire et qu’il se fut retourné pour regagner les épais taillis.

Aussitôt, l’Indien se mit à traverser la rivière à la nage, tenant son carquois et ses flèches au-dessus de l’eau, gagnant ainsi la rive opposée. Il se mit alors à suivre son gibier à la piste, et l’animal prit un chemin peu couvert qui le força à passer près de l’endroit où était la maison de Munroe.

C’était pendant que l’Apache courait le long de ce chemin à la poursuite du cerf, que le bruit causé par l’oiseau de proie attira son attention ; il s’élança à travers la haie de buissons, découvrant à son grand étonnement et à sa joie, la maison de