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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/17

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Mais il était trop tard !

Munroe traversait l’espace comme l’éclair sur son noble coursier, courant à la délivrance de ceux qu’il aimait ou à la mort avec eux !

Mais hélas ! le malheureux arrivait quelques moments trop tard !

La jeune femme avait été si terrifiée en voyant le hideux sauvage, qu’après s’être élancée de sa chaise pour reculer de terreur, elle resta comme paralysée, pressant son enfant sur sa poitrine. La pauvre femme était incapable de faire le moindre mouvement.

Quoique élevée sur la frontière, Marion pour la première fois voyait un sauvage ennemi ; les yeux de serpent de l’horrible Apache semblaient la transpercer et lui glacer le sang dans les veines. Elle se sentit perdue. Cependant elle ne pensait pas à elle-même. Elle pressentait que son enfant lui serait arraché des bras et qu’on lui fracasserait le crâne en sa présence.

Elle songeait aussi que beaucoup d’autres démons rouges devaient être dans les environs et que son mari serait tué, ou ce qui est pis encore, capturé. Elle n’osa pas réfléchir à son sort, de peur de perdre complètement la raison.

Si Munroe était assez près pour entendre son cri, il accourrait à son aide, courant lui-même à la mort.

Tout ceci vint à l’esprit de Marion pendant que l’affreux sauvage la regardait comme une bête fauve prête à fondre sur sa proie.

Soudain la jeune femme, poussée par l’énergie du désespoir, résolut de vendre chèrement sa vie et celle de son enfant. Il lui vint l’idée de se précipiter dans la maison, de saisir un fusil et de tuer le sauvage, puis de s’élancer à travers le taillis avec son enfant, et d’essayer ainsi de s’échapper, avant l’arrivée du gros de l’ennemi.

Murmurant une prière pour son salut, Marion n’hésita plus.

Mais au moment où elle bondit de sa place, l’Apache s’élança en avant avec un hurlement de surprise et de rage, tenant ferme son grand coutelas, la figure hideusement contorsionnée par la soif du sang.

La présence d’esprit de Marion était extraordinaire. Son