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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/7

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glante sur les deux visages inanimés.

Ils restèrent ainsi quelque temps comme morts, mais bientôt la diminution de la chaleur et de la lumière sembla les ranimer, et peu à peu ils reprirent leurs sens. Les yeux de l’homme s’ouvrirent avec une expression étrange : il semblait ne rien se rappeler.

L’enfant, avec un cri pitoyable, se traîna vers lui comme pour reprendre sa place sur la poitrine de son père.

Cet effort fit recouvrer la raison au père qui se mit à gémir et à regretter amèrement que son enfant vécut et souffrit encore. C’était pour le malheureux père le coup le plus terrible.

Cette nouvelle souffrance fut suivie d’une autre qui fit frissonner d’horreur la victime. Elle venait d’entendre le hurlement prolongé du loup de prairie.

Ce hurlement était le présage d’un sort affreux.

Les vautours volaient de plus en plus près de terre. Un autre hurlement retentit, et les busards, comme s’ils craignaient que leur proie ne leur fut enlevée, descendirent si près, que l’infortuné put voir leurs yeux repoussants à la lueur du crépuscule.

Il tournait la tête de tous côtés, regardant les oiseaux de proie qui volaient en demi-cercle dans l’obscurité à cinquante pieds au-dessus de lui. Ce spectacle devenait effrayant pour le pauvre père. Il poussa un cri terrible comme pour effrayer les vautours et les bêtes féroces qui venaient les dévorer.

Aussitôt l’expression de sa figure changea, car à peine le cri avait-il retenti dans l’air qu’il fut suivi du hurlement de guerre d’un Indien. Les loups se rapprochaient toujours, remplissant l’air de hurlements encore plus féroces. L’homme agonisant vit qu’ils allaient fondre ensemble sur lui et son enfant, alors il ferma les yeux, comme pour la dernière fois de sa vie. Mais il les rouvrit bientôt avec un grand cri.

C’était un cri de joie, cette fois, et en même temps un bruit épouvantable frappa son oreille. Des cris de guerre évidemment poussés par des Sauvages, mêlés à des hurlements de