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Page:Hall - Les trois chercheurs de pistes, 1886.djvu/75

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Ce soir-là je me rendis à la ferme, et je trouvai le iermier et sa femme enchantés de la générosité du comte. —Que doit-il faire pour Gustave ? leur demandai-e. —Gustave sera prêtre ; il doit aller au séminaire et le comte paie toute la dépense.

J’avais mon idée quant à ceu>, et je gardai le silence. J’avais chassé de mon esprit et presque oublié mon séjour dans les Ardennes, avec ses simples réminiscences, lorsqu’un . soir, à un grand bal à Paris, j’aperçus le visage de ’Stéphanie Grey. Cinq années avaient cassé depuis que je l’avais vue pour la dernière Lis , cependant il m’était impossible de me tromper à l’enihoit d’un usage conim-. le sien. —Pouvez-vous me dire qui est cette jeune personne ? demandai-je à une dame de mes ami’..

—C’est la jeune comte"-’ ”’n H..., une des riches héritières maintenant à Paris.

—Elle est étrangement belle 1 Savez-vous son histoire ? —“ Un vide, seigneur,” répartit la dame en citant Shakespeare. Littéralement “ un vide ” pour douze années de sa vie ; mais nous avons la parole de son père .’ elle a vécu loin de son pays avec sa mère. Celui qui se tient si orgueilleusement prés d’elle est son père.

—Et la mère ?

—Oh 1 elle est morte. Sou-histoire est bien triste. Je vous la dirai quelque jour. Le comte ne devine pas que je la sais ; riais mon intimité avec Marie Grey date de l’école, et elle ni a confié son secret.

Je me serais empressé de lui demander cette histoire, si à ce moment l’orchestre .n’eût commencé a jouer un air joyeux et étrange,dont les cadences ressemblaient tellement à un noël ardennais, que les enfants avaient chanté dans la forêt, que je restai surpris et silencieux. C’était comme un écho vivant des grands bois, parfois perdu, mais surgissant soudain durant l’accord,—et je vis S* . rani.e Grey tourner vers les musiciens un regard farouche, trauuisant-toute l’intensité de la douleur. Puis son visage devint pâle comme celui d’une morte, et s’ap-