Aller au contenu

Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
BEAUMARCHAIS.

hommes sont peu retenus par les serments qu’ils font aux autels. Je sais combien vous chérissez les femmes ; mais vous êtes homme d’honneur, promettez-moi — et je vous en croirai — que vous ne me laisserez pas pleurer dans un lit solitaire en proie à tous les soupçons de la jalousie. » Beaumarchais promet. La veuve le croit. Le mariage est conclu ; et, comme il ne dure que trois ans, Beaumarchais tient peut-être sa promesse. Et maintenant, voici comment il rencontre sa troisième femme. C’est après le procès Goëzman et après la représentation du Barbier : il est alors dans tout l’éclat de sa popularité. Mlle Willermaula envoie un homme de sa connaissance demander à Beaumarchais de lui prêter une harpe. Beaumarchais répond qu’il ne prête rien, mais que si on veut venir chez lui, il serait heureux de se faire entendre. Mlle Willermaula comprend et se rend chez le musicien. « Leurs cœurs, dit Gudin, témoin attendri de l’entrevue, furent unis dès ce moment d’un lien que nulles circonstances ne purent rompre et que l’amour, l’estime, le temps et les lois rendirent indestructible. »

Cette dernière femme était bonne et spirituelle : sa correspondance avec une de ses amies, naguère publiée, contient quelques pages charmantes. Les infidélités de Beaumarchais ne rebutèrent jamais sa tendresse. Les terribles épreuves qu’elle traversa durant la Révolution ne lassèrent jamais son cou-