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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/99

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SES DEUX RÉPUTATIONS.

secrets ! Mais, sur ce sujet-là, contentons-nous de cette remarque de Sainte-Beuve : « Chez Beaumarchais il y aura toujours un cabinet secret où le public n’entrera pas ; au fond il a pour dieux Plutus et le Dieu des Jardins, ce dernier tenant une très grande place jusqu’au dernier jour ».

Ses trois mariages débutent ainsi que de galantes aventures. On se rappelle comment Mme Francquet s’en fut un jour demander au jeune horloger Caron de « réparer le désordre d’une montre » et ce qui s’ensuivit. Le roman du second mariage est du même genre. Une amie confie à Beaumarchais qu’une aimable femme, veuve depuis peu, Mme Lévêque, l’a remarqué : on l’invite donc à se trouver le lendemain dans une allée écartée des Champs-Élysées appelée, non sans raison, l’allée des Veuves. Le lendemain, il est au rendez-vous, monté sur un cheval superbe qu’il manie avec grâce, croise le carrosse des deux dames, met pied à terre et demande la faveur de monter dans la voiture. On cause ; on se plaît. Beaumarchais propose de venir dîner chez lui ; on accepte ; on visite sa maison ; et en le voyant « entouré de vieux domestiques, entre son père et sa sœur », la jeune veuve comprend, au dire de Gudin, « qu’on peut s’honorer d’un tel mari ». Mais avant de rien terminer, elle fait à Beaumarchais le discours suivant : « Monsieur de Beaumarchais, je suis veuve ; je n’ignore pas combien la plupart des