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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/104

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BEAUMARCHAIS.

objet de mépris ou de jalousie pour les hommes spéciaux. Musicien, les gens de l’art le détestaient. Inventeur, il n’était pas du corps des mécaniciens. Poète, on le renvoyait à l’horlogerie. Auteur dramatique, on le traitait d’homme d’affaires. Plaideur, les avocats le jalousaient. Financier, on lui objectait ses chansons. Imprimeur, il avait pour ennemis les fabricants et les marchands. Commerçant, il était dénigré par les armateurs. Négociateur, il était méprisé par les bureaux des ministères… Et il s’écriait : « Qu’étais-je donc ? je n’étais rien que moi, et, moi, tel que je suis resté, libre au milieu des fers, serein dans les plus grands dangers, faisant tête à tous les orages, menant les affaires d’une main et la guerre de l’autre, paresseux comme un âne et travaillant toujours, en butte à mille calomnies, mais heureux dans mon intérieur, n’ayant jamais été d’aucune coterie, ni littéraire, ni politique, ni mystique, n’ayant fait de cour à personne, et partout repoussé de tous. »

Le jour où il crut avoir enfin résolu le « problème de sa vie », Beaumarchais, on le voit, n’était pas en veine de modestie. Et il s’avançait un peu, le musicien des petits concerts de Versailles, le protégé de Paris-Duverney, l’agent du vieux Maurepas, quand il affirmait n’avoir jamais fait de cour à personne. Il y a tout de même un peu de vérité dans cet essai d’apologie. Quelque métier qu’il fît, Beau-