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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/105

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SES DEUX RÉPUTATIONS.

marchais était un « amateur » et, comme tel, odieux aux gens du métier. Il a donc connu les inimitiés implacables que toujours excite une intelligence souple, propre à des tâches diverses. Ceux que leurs goûts ou leur médiocrité parquent dans un compartiment de la société font payer cher les joies de la liberté aux esprits nomades et, en toute occasion, les traitent avec la haine qu’on doit aux intrus ou le mépris que méritent les transfuges.

Voilà sans doute bien des attaques expliquées. Mais, tout en confessant ses ennemis, Beaumarchais s’est bien gardé de se confesser soi-même.

On sait jusqu’où l’a entraîné sa manie d’intriguer. On connaît quelques-unes de ses machinations les plus hardies : le déguisement ecclésiastique pour duper les créanciers de Mme Francquet, la tragi-comédie des brigands d’Allemagne pour mystifier Louis XVI, Marie-Thérèse et le public, l’invention des faux corsaires pour tromper les Anglais. Il avait la rage de l’artifice. Or, lorsqu’on a surpris un homme en flagrant délit de mensonge et de fourberie, on ne peut s’empêcher de suspecter tous ses dires et tous ses actes, même ceux dont l’apparence est la plus honnête. Les nécessités de la vie ont obligé Beaumarchais à des tâches assez répugnantes, — disons le mot, à des besognes de policier. La manière dont il s’en est acquitté ne