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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/107

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SES DEUX RÉPUTATIONS.

la connaissance du public. Il trouva bon pourtant d’écrire une lettre emphatique à sa femme et de faire circuler dans tout Paris les copies de cet étrange billet de faire-part. Il avait la nostalgie du scandale.

Avec l’impudeur d’un bohème, il avait aussi l’insolence d’un parvenu. Là-dessus, ses contemporains sont unanimes et lui-même s’est défendu contre ce reproche sans énergie. Il se reconnaissait de la « fatuité ». Il supportait mal l’ivresse des victoires et, malgré sa rare adresse, poussait trop loin ses avantages. Souvent ses générosités sentaient le parvenu.

Mais sur ce mot de parvenu, appliqué à Beaumarchais, quelques éclaircissements sont indispensables.

Il était noble, ayant payé la somme qu’il fallait pour sortir de roture. Son parchemin pouvait, à la rigueur, le protéger contre quelques avanies de courtisans. C’était, du reste, tout ce qu’il en attendait. Il savait bien qu’au temps où il vivait, la noblesse ne conférait plus que de rares avantages dans l’État ou dans la société. Rien dans les coutumes ni dans les costumes ne distinguait plus alors le gentilhomme de l’homme du Tiers. Dans les salons, de simples plébéiens comme Voltaire, d’Alembert ou Chamfort faisaient aussi bonne figure que les gens de cour. L’esprit au xviiie siècle avait presque les mêmes droits que la naissance. La noblesse n’était donc plus qu’une