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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/109

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SES DEUX RÉPUTATIONS.

fit honneur à son maître. Il n’apoint réussi dans toutes ses spéculations ; en maintes circonstances, il fut égaré par une imagination trop chimérique. Mais tout, dans le monde et dans la vie, lui apparaissait sous l’aspect d’une affaire, d’une « bonne affaire ». Et à ce tour d’esprit on reconnaît le véritable « homme d’argent ».

Sainte-Beuve a finement observé « à quel point l’argent prend d’importance dans sa manière de prouver et de raisonner » ; et il a relevé dans ses Mémoires de la période révolutionnaire toute une série de gageures et de défis à l’anglaise : « Je déclare que je donnerai mille écus à celui qui prouvera que j’aie jamais eu chez moi, depuis que j’ai aidé généreusement l’Amérique à recouvrer sa liberté, d’autres fusils que ceux qui m’étaient utiles à la chasse ; autres mille écus si l’on prouve la moindre relation de ce genre entre moi et M. de Flesselles… Je déclare que je paierai mille écus à qui prouvera que j’ai des souterrains chez moi qui communiquent avec la Bastille… Que je donnerai deux mille écus à celui qui prouvera que j’aie eu la moindre liaison avec aucun de ceux qu’on désigne aujourd’hui sous le nom d’aristocrates… Et je déclare, pour finir, que je donnerai dix mille écus à celui qui prouvera que j’ai avili la nation française par ma cupidité quand je secourus l’Amérique… » Cette façon de faire sonner ses écus à tout propos est déjà significative.