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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/128

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BEAUMARCHAIS.

Mais revenons à Figaro. Car, des pieds à la tête, Figaro c’est Beaumarchais. Celui-ci prête, sans doute, à son héros, des aventures fictives : lui-même n’était point un enfant trouvé : jamais il ne fut ni banquier de pharaon ni valet d’un Almaviva. Néanmoins, dans le roman de Figaro, il y a encore un peu du roman de Beaumarchais : essais littéraires et financiers, emprisonnements, démêlés avec les « feuillistes, les libraires et les censeurs », etc. Mais c’est surtout l’identité morale des deux personnages qui est frappante. Jamais auteur comique ne s’est livré au public avec un pareil abandon. Beaumarchais n’aimait pas Rousseau ; mais s’il est vrai que l’auteur des Confessions a inauguré en France la littérature personnelle, reconnaissons qu’à ce point de vue du moins, Beaumarchais a été son disciple.

Les contemporains ne s’y étaient pas trompés. Sedaine, bien avant la représentation de la Folle journée, avait eu connaissance du manuscrit et il écrivait à son « cher frère en Apollon » : « Votre Figaro m’a fait le plus grand plaisir, et vous vous êtes tellement et si bien rendu maître de ce caractère, qu’on vous croirait un peu Figaro ». Un peu, disait. Sedaine pour ne pas désobliger son ami qui ne se souciait pas qu’on trouvât la ressemblance trop criante. Mais les ennemis de Beaumarchais avaient moins de scrupule, et à une représentation