Aller au contenu

Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
SA VIE ET SES AVENTURES.

six ans, il retrouva dans les papiers de ses sœurs et annota de sa main ce « premier, mauvais et littéraire écrit par un polisson de treize ans, au sortir du collège ». Car de leurs pattes il n’était point encore sorti ; à la vérité, il n’en sortit jamais.

Ce garçon horloger eut une adolescence orageuse. Les cabarets des Halles étaient bien près de la rue Saint-Denis et la vie y était plus joyeuse que derrière les « quatre vitrages » d’une boutique. Pour payer les soupers et les escapades, il fallut faire des dettes : même des montres disparurent de l’atelier paternel. Puis, le jeune Caron ne rentrait au logis que pour assourdir de musique la famille et les voisins. Bref, un jour, son père le chassa de la maison. Plus tard on conta qu’il battit alors le pavé de Paris et fit sur les places des tours de gobelets. Quoi qu’il en fût, le bannissement ne dura pas longtemps. La mère intercéda et le père consentit au retour du prodigue. Mais par les conditions qu’il lui imposa (on possède le texte de cet étrange traité) on peut juger que la « chaleur du sang » avait mené loin le turbulent apprenti. Celui-ci signa toutes les clauses « dans la ferme volonté de les exécuter, avec le secours du Seigneur ». Et il les exécuta. Car à vingt ans il était devenu un artisan très habile : il avait même inventé un nouveau système d’échappement pour les montres.

Cette invention fut l’occasion de son premier