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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/159

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SES MÉMOIRES ET SON THÉÂTRE.

« L’éloquence que j’ambitionne, dit-il, est la désirable clarté. » Elle ne lui fait jamais défaut dans cette cause, la meilleure peut-être et la plus généreuse qu’il ait plaidée.

Quant à ses mémoires à la Convention, on a été pour eux d’une surprenante injustice. La Harpe les trouvait ennuyeux, et ce jugement sommaire a été répété par beaucoup d’autres critiques. Reconnaissons que les négociations relatives à l’achat des fusils hollandais sont, en elles-mêmes, d’un intérêt médiocre, que Beaumarchais se perd dans d’insignifiants détails, que son récit traîne souvent en longueur. Mais, malgré tout, c’est là un beau document d’histoire, la peinture dramatique des vilenies et des incohérences de la bureaucratie révolutionnaire. Même, de temps en temps, le Beaumarchais de jadis se retrouve dans la peinture des hommes et des choses.

Prisonnier à l’Abbaye, il est un matin conduit à sa mairie et introduit dans le bureau de surveillance, présidé par M. Panis. Écoutez et voyez la scène : « On vous a, dit M. Panis, rendu compte de l’examen de vos papiers. Il n’y a là-dessus que des éloges à vous donner ; mais vous avez parlé d’un portefeuille sur l’affaire de ces fusils que vous êtes accusé de retenir méchamment en Hollande, et ce portefeuille-là, ces deux messieurs l’ont déjà vu ; ils ont même dit que nous en serions étonnés (c’étaient