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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/167

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SES MÉMOIRES ET SON THÉÂTRE.

déficit, fait passer dans la caisse du négociant l’argent de sa propre caisse. Un fermier général en tournée vient réclamer la recette du receveur. Milac, qui a tout caché à Aurelly, accepte de passer pour un voleur, plutôt que de trahir le secret de son dévouement. Ajoutez à cette historiette héroïque et invraisemblable une intrigue amoureuse entre le fils de Milac et une prétendue nièce d’Aurelly, qui est, en réalité, sa fille naturelle et que voudrait épouser le fermier général en tournée, « homme du monde estimable »…. Et vous comprenez pourquoi ce drame, le moins bon que Beaumarchais ait écrit, n’obtint jamais aucun succès. Son auteur — après le Barbier de Séville — s’obstinait pourtant à considérer les Deux Amis comme « le plus fortement composé » de ses ouvrages.

L’autre Tartufe, ou la Mère coupable, est postérieur au Barbier et à la Folle journée, dont il est la suite. Il ne devait pas en être la fin : car Beaumarchais méditait, dans sa vieillesse, une quatrième pièce, intitulée : la Vengeance de Bégearss, ou le Mariage de Léon. Après avoir lu la Mère coupable, on hésite à regretter que les forces lui aient manqué pour faire une tétralogie de la trilogie de Figaro.

En composant la Mère coupable, il se flattait d’avoir combiné dans un plan complexe l’intrigue et le pathétique, et d’avoir ainsi réalisé ce qu’il appelait un drame intrigué. Par son double titre, il indiquait déjà