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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/168

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BEAUMARCHAIS.

les deux éléments qu’il avait voulu fondre en cet ouvrage. L’autre Tartufe : sujet de comédie. La Mère coupable : sujet de drame. Il est inutile d’ajouter qu’avec Beaumarchais comédie et drâmee ont un même but, celui de moraliser les spectateurs. C’est pourquoi au-dessous du double titre on lisait : drame moral.

Les ruses abominables de Bégearss contrecarrées par les honnêtes stratagèmes de Figaro, voilà l’intrigue. Un méchant, un « tartufe de mœurs », s’est introduit dans une famille, en a surpris les secrets et prétend les exploiter pour dépouiller ses amis ; seul un intendant plein de vertu et d’adresse a flairé la trahison, et c’est lui qui démasque le scélérat : la joute eût pu être intéressante. Malheureusement les deux adversaires n’ont plus ni la vie, ni l’entrain dont Beaumarchais avait animé les personnages de sa comédie. Figaro est fourbu ; il refuse le « vil salaire », lui si preste à ramasser des dots sous les grands marronniers ; il est devenu outrageusement moral : il est ennuyeux ! Quant à Bégearss, c’est un gredin d’une infamie vraiment trop uniforme. Il n’a plus rien d’humain. C’est un fantoche, un épouvantail — le prototype de tous les « traîtres » de mélodrame.

Le pathétique vaut mieux que l’intrigue dans la Mère coupable. Toutes les circonstances qui préparent l’action sont d’un romanesque invraisemblable ;