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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/169

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SES MÉMOIRES ET SON THÉÂTRE.

les scènes sont souvent amenées par des incidents puérils ; c’est un désolant accessoire de théâtre que l’écrin à double fond où sont les secrets de Madame Almaviva. (Remarquez que les personnages, en 1792, avaient perdu leurs titres ; Beaumarchais les leur restituera sous le Directoire.) Mais la scène du quatrième acte où l’épouse coupable balbutie, les mains jointes, des phrases de prière, sans rien répondre aux menaces de son mari, est tragique et poignante. Elle éclate, avec une beauté inattendue, au milieu de ce drame enfantin : l’accent a une simplicité et une sincérité qui étonnent, parmi tant de galimatias : car jamais Beaumarchais n’a rien écrit qui soit à la fois plus plat et plus confus que la Mère coupable. Cette scène est la seule de tout son théâtre « sérieux » qui pourrait encore émouvoir une foule et lui arracher des larmes.

La mode fit le succès passager d’Eugénie et de la Mère coupable. Puis le nom de Beaumarchais maintint ces deux drames au répertoire de la Comédie-Française pendant la première moitié de ce siècle : on les jouait du reste assez rarement.

Du vivant de Beaumarchais, ils furent représentés sur toutes les scènes de l’Europe. Garrick donna à Londres une adaptation d’Eugénie. Gœthe en fît jouer une traduction sur le théâtre de Weimar dont il était directeur. On sait, du reste, quel écho trouvèrent en Allemagne les théories de Diderot et de Mercier