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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/173

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SES MÉMOIRES ET SON THÉÂTRE.

intrigue, si ténue soit-elle. Point d’action dramatique sans une péripétie et un dénouement : c’est la loi fondamentale du théâtre. Mais tantôt l’intrigue est un simple expédient pour présenter au public soit le développement d’un caractère, soit un tableau de mœurs ; tantôt elle est le principal de l’ouvrage et prétend divertir par ses surprises et ses complexités. Dans ce dernier cas la comédie s’appellera une comédie d’intrigue.

Telle a été la comédie française jusqu’à Molière : elle imitait alors le théâtre italien et le théâtre espagnol qui, lui-même, devait tant à l’Italie. Voltaire a prétendu que le Menteur est « une pièce d’intrigue et de caractère ». Mais ce qui fait notre plaisir à la comédie de Corneille c’est moins la vérité — contestable — du caractère de Dorante que l’imprévu des coups de théâtre provoqués par ses éternelles menteries. Molière écrit d’abord de pures comédies d’intrigue : l’Étourdi, le Dépit amoureux. Mais, à mesure que grandit son génie, il renonce aux fantaisies de l’imbroglio ; la peinture des hommes et des mœurs tient une place plus grande sur son théâtre ; dans le Misanthrope, l’intrigue est réduite au minimum.

L’imitation inconsidérée de Molière a pesé sur tout le théâtre du xviiie siècle. Parce que — en quelques-uns de ses chefs-d’œuvre — Molière avait su intéresser par la seule vérité du tableau, parce