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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/174

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BEAUMARCHAIS.

qu’il avait parfois méprisé les ressources de l’intrigue, tous les auteurs dramatiques crurent devoir se priver d’un des plus sûrs moyens de divertir le public. Les uns, comme Lesage ou comme Dancourt, furent de remarquables peintres de mœurs. Les autres, comme Gresset ou comme Piron, de charmants versificateurs. Marivaux mit dans ses comédies, avec une certaine sensibilité qu’on dirait empruntée à la tragédie de Racine, une légère et poétique fantaisie qui était, sur notre scène, une précieuse nouveauté. Destouches, avec ses élégances de diplomate en retraite, a fait des comédies « de bonne compagnie ». Mais toutes les œuvres de ces hommes d’esprit ont, maintenant, quelque chose de lointain et de fané. Elles n’excitent plus le rire, si elles l’ont jamais excité. Et faire rire restera toujours le propre de la comédie.

Cependant on riait alors, mais ailleurs qu’à la Comédie-Française. Regnard, il est vrai, avait composé pour elle quelques comédies d’intrigue, comme les Folies amoureuses ou le Légataire universel. Mais après lui, le genre s’était perdu ou plutôt transformé. Une partie de l’héritage de Molière avait été recueillie par la Comédie-Italienne et les théâtres de la foire. Le public allait se divertir aux parades et aux opéras-comiques. C’était là que l’on conservait les traditions des vieilles tabarinades, et celle de l’imbroglio italien.