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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/182

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BEAUMARCHAIS.

conventions du succès et à qui advint un jour l’heureuse fortune de donner, avec Rabagas, l’illusion non seulement du « métier » mais presque de l’esprit de son maître.

Ce mouvement dramatique qui a eu son point de départ dans la Folle journée, paraît aujourd’hui toucher à son terme. À force de compliquer leurs œuvres, les auteurs leur ont peu à peu enlevé l’accent de la vérité. Beaumarchais voulait que les caractères réagissent sur les situations, et les situations sur les caractères ; maintenant ce sont les situations qui, presque toujours, dominent et gouvernent les caractères ; tout est subordonné aux nécessités de la pièce « bien faite », et ce qu’on appelle une pièce « bien faite », c’est simplement une pièce bien intriguée. L’excès des artifices scéniques a mis le public en défiance et lui a rendu suspectes la réalité des peintures et la justesse des thèses morales. Et voici maintenant que des écrivains tentent une réforme du théâtre qui est tout justement l’inverse de la réforme accomplie il y a un siècle : moins d’incidents, moins de personnages, une action simple et rapide, les mœurs et les caractères réservés à la comédie ou au drame, l’imbroglio laissé à la farce, bref la séparation de ce que Beaumarchais avait uni.

Celui-ci, d’ailleurs, n’a pas seulement modifié l’organisme pour ainsi dire intime du théâtre fran-