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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/187

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SES MÉMOIRES ET SON THÉÂTRE.

Ses idées sur ce sujet sont à peu près celles de Gluck. « Je cherchai, écrit celui-ci dans la Préface d’Alceste, à ramener la musique à sa véritable fonction, celle de seconder la poésie pour fortifier l’expression des sentiments et l’intérêt des situations, sans interrompre l’action et la refroidir par des ornements superflus ; je crus que la musique devait ajouter à la poésie ce qu’ajoutent à un dessin correct et bien composé la vivacité des couleurs et l’accord heureux des lumières et des ombres…. » C’est ce que Beaumarchais traduit en ces termes : « Il y a trop de Musique dans la Musique de théâtre ». Et là-dessus il édifie une théorie complète de l’opéra, classant les arts qui concourent au plaisir du spectateur selon la hiérarchie suivante : « Premièrement, la Pièce ou l’invention du sujet, qui embrasse et comporte la masse de l’intérêt ; puis la beauté du Poème ou la manière aisée d’en narrer les événements ; puis le charme de la Musique, qui n’est qu’une expression nouvelle ajoutée au charme des vers ; enfin l’agrément de la Danse, dont la gaîté, la gentillesse embellit quelques froides situations ».

Selon lui, un poème d’opéra n’est ni une tragédie, ni une comédie, il doit participer de tous les genres ; car, s’il est uniformément tragique, le ballet y semblera déplacé. Les sujets imaginaires seront préférables aux sujets historiques. Il ne faut point y abuser du merveilleux : tout l’intérêt résidera dans le drama-